With or without you, Ludi <3 // Cerise

Deux jours. Deux jours que j'étais arrivée ici. Par ici j'entends le Manhattan Institut. Mais aussi la ville, New York et le pays... Après deux ans d'emprisonnement dans une prison glauque au fin fond du Pakistan, j'essaye de ne pas me noyer dans tant de liberté , cette liberté soudaine, qui me toùbe dessus sans préavis. J'avoue que j'ai peur, très peur, je suis sur la défensive depuis que je suis arrivée ici, je me méfis, j'ai peur que soudainnement on me saute dessus et qu'on me ramène en prison... Là j'attends, assise sur ses chaises froides qui meublent la luxueuse salle d'attente des consultations.
J'ai l'air extrêmement perdue, d'ailleur je n'ose pas lever les yeux, croiser le regard des autres patients qui attendent leur tour en silence. J'appréhende énormement cette consultation, les personnes que j'ai croisé jusqu'ici ont été charmantes mais j'ai toujours cette crainte, je me retourne soudainement quand je marche dans les couloirs. J'ai encore du mal à savoir ou je suis quand je me leve le matin. Je suis débousollée et c'est la raison pour laquelle on m'a envoyé ici. Je me réveille toutes les nuits en sueur, réveillée par ce cauchemar qui revient sans cesse. Une porte s'ouvre sur ma droite et j'entends une voix masculine appelez la personne qui est assise en face de moi.
Nous ne sommes plus que deux dans la salle à présent et bien que mes yeux fixent fidèlement mes chaussures, je peux sentir le regard de mon voisin de gauche posé sur moi. Je n'ose pas lever les yeux, j'ai peur de faire un geste de travers et qu'on me renvoit la bas.
Pourtant je ne peux m'empecher de le regarder, quelque chose en moi est attiré par cette personne. Je tourne la tête et croise son regard, froid, neutre, et pourtant si attirant. Il est grand, brun et extremement intriguant. Je pique un fard et refixe mon regard sur ma jupe. Je tousse timidement, pourvus qu'ils m'appellent vite... L'image de ce jeune homme reste fixée dans mon esprit et pourtant je tiens bon pour ne pas le regarder a nouveau.
Une fois de plus je sens son regard posé sur moi. Je n'en rougis que plus.

Oh, ça devait faire environs un an que j’étais enfermé ici, mais je ne m’en plaignais pas non, tout était assez confortable. Par mesure de sécurité j’occupais mon propre appartement dans cet institut qui avait l’heureuse prétention de me guérir, avec tout mon héritage je pouvais avoir tout ce dont je désirais et étrangement mes quartiers étaient les plus neutres, banals et dénaturés de tout le centre. Bref, Ysmael m’avait aidé je ne le niais pas, mais ses efforts semblaient tomber à l’eau, il me fallait ma dose d’hero par jour pour ne pas sombrer dans une crise effroyablement dangereuse, j’étais donc le seul patient à pouvoir bénéficier de cet or blanc, or qui m’appauvrissait au lieu de m’enrichir."Ludwig est un pauvre schizophrène dont plus jamais aucune fille ne tombera amoureuse." J’avais envie de lui dire de la fermer, pauvre conscience à deux balles qui au lieu de me guider dans le droit chemin ne faisait que m’enfoncer au plus profond de ma dépression et de me conforter dans l’idée que je n’étais qu’un moins que rien.
La salle était remplie, j’étais là depuis au moins une heure alors que mon rendez-vous n’était que quelques heures après, je ne savais pas pourquoi mais je m’étais pointé des heures à l’avance, peut etre parce que je n’avais personne avec qui m’entretenir à part ce psychiatre là, que attendais justement. Peu à peu, les minutes s’écoulaient lentement sans que je ne cesse de fixer le sol, puis mes mains, puis la pendule, toujours dans cet ordre là, en ruminant mes idées noires. La salle se vidait, les fous, les anorexiques les boulimiques se suivaient, dans ma tete c’était Janis Joplin, The Who et d’autres qui défilaient. Mon esprit est une grosse masse bouillie.
Elle était tellement belle avec ses cheveux blonds et son regard bleuté, toute ma vie je l’avais attendu, elle était venue puis repartie, la faute à qui? Et ce fut comme une illusion, une sorte d’olograme créé par mon esprit dingue se tenait assis à coté de moi. Une parfaite copie de ma victime, blonde, belle, incroyablement belle, Hannah vivait, Hannah baissait les yeux, Hannah se rendait compte qu’elle avait un fou à sa gauche. Je n’ai jamais cru aux soit disant sosies que nous avions un peu partout dans le monde, c’est assez injuste mais ainsi mon esprit étriqué pouvait enfin admettre que l’impossible absurde semblait n’etre pas si impossible que ça. Cette ressemblance me donnait des sueurs froides, mes yeux et mon regard froid ne pouvaient se détacher de cette inconnue que je sentais pourtant connaître parfaitement, les moindres recoins de son corps étaient-ils aussi ressemblants que son visage?

Ses yeux continuaient de parcourir mon visage et me faisait rougir de plus en plus. Je sentais aux mouvements de sa tête qu'il me détaillait de la tête aux pieds et ca me démangeait de lui demander ce qu'il se passait mais j'avais trop peur pour ca. Je sursautais toujours au moindre mouvement et je voyais en chaque personne que je croisais un bourreau potentiel. J'étais comme un animal captif, j'étais hyper craintive et le fait qu'un patient (donc relativement dérangé j'imagine) ne m'aidait pas du tout.
Au bout de quelques minutes je décidais de changer de place et de m'asseoir à l'autre bout de la pièce.
Mais il continuait de me regarder et je finis par prendre mon courage à deux mains.

"Excuse moi mais tu me gènes à me regarder comme ca , alors si tu pouvais arrêter ce serait aimable de ta part"

J'avais dis tout ceci avec un accent hindou à couper au couteau mais qui était tellement mignon! ET j'avais une manière de parler qui était un peu bizarre mais après avoir vécu toute ma vie en Indes c'est normal que je ne parle pas comme une New Yorkaise de base.
J'avais été très polie et je rougissais toujours dans mon coin, baissant la tête espérant qu'il réponde à mes attentes et qu'il cesse de ma regarder sans rien dire...

Mon regard trop insistant venait de la faire fuir à l'autre bout de la piece. Je n'étais pas un boulet de canon mais tout de meme, ma laideur repoussait-elle autant? Mon temperement etait plutot du genre à insister lourdement, ça ressemblance un peu trop frappante avec Hannah m'empechait de me conduire en parfait gentleman. Je gardais mon regard collé sur elle, j'étais tellement subjugué par sa beauté, par cette similarité, que sa voix, me rembarrant gentillement, me fit surtsauter legerement. Cependant je me contentai de sourire, la fixant toujours de mon regard de fou furieux, parce qu'elle ne devait surement aps penser le contraire de moi, etre ici c'est un peu comme une preuve de cette chose qui ne va pas en vous, on ne voit que ça, meme si les medecins nous assoment avec leur "vous etes tous identiques, on ne regarde pas à votre deficience ici!". Mon cul ouais, comme si son regard à elle ne voyait pas ma déficience. Je me levais, lui souriant largement, et vins m'asseoir à coté d'elle.

-Tu me rappelles affreusement quelqu'un.*sourire*